Cyanobactéries 

Il existe plusieurs catégories d'efflorescences de cyanobactéries, aussi appelées blooms ou fleurs d'eau.

Images : Catégories d'efflorescences de cyanobactéries (Gouvernement du Québec)

      

Catégorie 1                                       Catégorie 2a - sans écume                 Catégorie 2b - avec écume 

 

Questions-réponses sur les cyanobactéries

Que sont les cyanobactéries, au juste?

Les cyanobactéries, aussi appelées cyanophycées, algues bleues ou algues bleu-vert, sont des microorganismes à mi-chemin entre les bactéries et les algues. Elles se démarquent des autres bactéries du fait qu’elles sont capables de faire de la photosynthèse, c’est-à-dire profiter de l’énergie solaire pour croître. En ce sens, elles ressemblent donc plus à des végétaux. Il existe plusieurs espèces de cyanobactéries et elles peuvent avoir différentes couleurs et textures. Les cyanobactéries sont présentes à l’état naturel dans tous les plans d’eau. Lorsqu’elles se développent en masse, les cyanobactéries forment des concentrations denses et visibles à l’œil nu, que l’on nomme efflorescences, bloom d’algues ou fleur d’eau. Les cyanobactéries profitent de conditions altérées d’un plan d’eau, dont la présence d’une concentration anormalement élevée en phosphore. Certaines cyanobactéries produisent des toxines.  

 

Les cyanobactéries sont-elles néfastes?

Comme tous les organismes indigènes, les cyanobactéries ont un rôle à jouer dans l’écosystème du lac Memphrémagog. Leur existence n'est donc pas néfastes, toutefois elles le deviennent lorsqu'elles se multiplient excessivement. Par exemple lorsqu’il y a trop de phosphore, les cyanobactéries perturbent tout l’écosystème et peuvent avoir une incidence sur la qualité de l’eau potable. 

 

À quoi ressemble une efflorescence de cyanobactéries?

 

 

Une efflorescence de cyanobactéries peut prendre différentes colorations, allant du bleu-vert au vert-olive et jusqu’au violet ou au rouge. Elle peut aussi avoir différentes textures, ressemblant tantôt à des morceaux gluants en suspension dans l’eau, tantôt à de l’écume ou de la mousse, ou encore à du colorant ou de la peinture.

 

Quelle est la dangerosité des cyanobactéries?

Les cyanobactéries sont considérées comme potentiellement très dangereuses en raison des puissantes toxines que certaines espèces peuvent produire et relâcher dans l’eau. On nomme ces toxines des cyanotoxines. Or, ces toxines sont potentiellement pathogènes et peuvent même être mortelles pour plusieurs espèces vivantes, dont les humains. Certaines cyanotoxines peuvent s’attaquer au foie, d’autres au système nerveux, d’autres encore peuvent causer des irritations des muqueuses ou de la peau ou bien avoir des effets allergiques. Les premiers symptômes d’une atteinte aux cyanotoxines ressemblent à ceux de la gastro-entérite. Il est donc primordial d’éviter tout contact et toute ingestion d’eau présentant une efflorescence de cyanobactéries. En particulier, les nourrissons sont plus vulnérables à l'exposition aux toxines de cyanobactéries, étant donné leur grande consommation d'eau par rapport à leur poids. Ainsi, Santé Canada recommande d'éviter de préparer les biberons avec l'eau du robinet, même si celle-ci est potable, pendant une éclosion d'algues bleues.

 

Les efflorescences de cyanobactéries sont-elles toxiques?

Certaines efflorescences de cyanobactéries sont toxiques, alors que certaines ne le seront pas si elle ne sont pas accompagnées de production et/ou de libération de cyanotoxines. Par contre, seuls des tests en laboratoire permettent de confirmer ou d’infirmer la présence de cyanotoxines dans une efflorescence de cyanobactéries et d’en caractériser la nocivité. Il vaut mieux donc considérer toutes les efflorescences de cyanobactéries comme potentiellement toxiques et appliquer le principe de précaution. Ainsi, le ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS) recommande que, durant un minimum de 24 h après la disparition des fleurs d’eau des zones récemment affectées, il faut éviter de pratiquer des activités aquatiques ou nautiques pouvant occasionner un contact prolongé avec la fleur d’eau.  

 

Quelles sont les conséquences de la prolifération des cyanobactéries?

Les cyanobactéries sont d’abord une grave menace à la santé publique : cette menace doit être prise au sérieux puisqu’elle met en péril l’accès à l’eau potable, l’accès aux sports nautiques et qu’elle affecte plusieurs secteurs de l’activité économique, en plus d’affecter la valeur foncière des propriétés. De plus, la prolifération de ces algues peut entraîner toutes sortes de problèmes de qualité de l’eau, y compris la mortalité massive des poissons en été, de mauvaises odeurs et la contamination de l’eau potable. Certaines cyanobactéries produisent des toxines qui peuvent tuer le bétail et les animaux sauvages.  

 

Quelles sont les conditions qui permettent les cyanobactéries?

Les cyanobactéries profitent des conditions altérées d’un plan d’eau, notamment une concentration élevée de phosphore. Or, le phosphore que l’on retrouve présentement en excès dans nos écosystèmes aquatiques provient de notre façon d’occuper le territoire et des activités que l’on y pratique. De plus, lorsque la charge interne de phosphore du lac est libérée, elle est renvoyée dans la colonne d’eau, ce qui la rend disponible aux cyanobactéries. De plus, le réchauffement des eaux, occasionné entre autres par l’artificialisation des rives et la détérioration de la bande riveraine, contribue à la prolifération des cyanobactéries. Il faut retenir également que les cyanobactéries sont des microorganismes extrêmement efficaces qui cherchent à dominer. Dès que les conditions leur sont favorables, elles ont tendance à proliférer. Les cyanobactéries se développent surtout en été et à l’automne, quand il fait plus chaud et que la productivité du lac est à son maximum. Par contre, les cyanobactéries peuvent aussi se développer sous le couvert de glace. Les baies peu profondes et abritées d’un lac sont plus propices au développement des cyanobactéries, car les eaux y sont plus chaudes et plus calmes.  

 

Quelle est l’incidence des cyanobactéries dans le bassin versant?

Lors d’épisodes de cyanobactéries, plusieurs municipalités sont touchées par des avis de non-consommation. Il peut paraître opportun de rappeler que dans les années 50, de nombreuses efflorescences de cyanobactéries ont eu lieu au lac Memphrémagog. Suite à l’établissement de normes quant à la gestion des eaux usées des résidences isolées et à la construction d’usine de traitement des eaux usées municipales, ce phénomène s’est résorbé significativement. Malheureusement, la pression que la population fait désormais sur le bassin versant du lac a contribué à leur réapparition depuis 2006.   

 

Les algicides dans tout cela?

L’utilisation d’algicides est inutile pour contrôler les cyanobactéries, en plus d’être potentiellement un facteur aggravant. En effet, les algicides déclenchent une libération massive des toxines présentes dans les cyanobactéries. De plus, les pesticides sont néfastes pour la vie aquatique et la santé humaine.    

 

Qu’est-ce le réseau de sentinelles du MCI?

Depuis 2006, le MCI a mis en place son réseau de sentinelles afin d’identifier toutes les apparitions de cyanobactéries durant l’année. Le travail est simple, il s’agit d’observer régulièrement l’eau devant votre propriété ou lors de vos sorties en bateau. Si vous observez des cyanobactéries, même dans le doute, prenez des photos (ou un cours film) et notez l’aspect et l’étendue de l’efflorescence.

Avisez-nous par courriel à l’adresse suivante : patrouille@memphremagog.org. Vous pouvez également nous appeler au 819-620-3939.

Les informations récoltées seront ensuite transmises au gouvernement du Québec et aux municipalités concernées. Seul le travail d’équipe nous permettra de préserver ce magnifique lac si important pour notre région. Merci de participer à la surveillance des cyanobactéries au lac Memphrémagog!

 

Comment faire pour combattre les cyanobactéries?

Pour faire disparaître les efflorescences nuisibles de cyanobactéries, il nous faut revoir en profondeur notre façon d’occuper le territoire et les activités que l’on y pratique. En particulier, il faut tarir par tous les moyens les sources de phosphore qui entre dans le lac. La tâche sera ardue. Par contre, nous avons déjà gagné la bataille une fois. Rappelez-vous les années cinquante et les installations septiques. Tous doivent faire leur part. Nous vous invitons à consulter la section qui vous concerne dans le menu Passez à l'action!

 

Pour en connaître davantage:

Consultez notre carte interactive sur les cyanobactéries :  Carte interactive sur les fleurs d'eau de cyanobactéries

 

Documentations supplémentaires:
 
GRIL, 2007. Les cyanobactéries au Québec: un portrait de la situation
Gouvernement du Québec, 2024. Algues bleu-vert = cyanobactéries! 

 

Préoccupations concernant la présence de cyanobactéries et leurs toxines dans l’eau du lac Memphrémagog

Le lac Memphrémagog, une source essentielle d'eau potable pour plus de 175 000 résidents provenant principalement de Magog, Sherbrooke, Potton et St-Benoit-du-lac, a récemment suscité des préoccupations concernant la qualité de l'eau en raison de l'augmentation des occurrences des fleurs de cyanobactéries (algues bleu-vert). Ces proliférations  peuvent poser des risques importants pour la santé en raison de la production de cyanotoxines.

 

Quels dangers les cyanobactéries présentent-elles pour la santé ?

Les cyanobactéries peuvent produire des toxines pouvant causer divers problèmes de santé.

  • Irritation de la peau : Éruptions cutanées ou urticaires
  • Problèmes gastro-intestinaux : Nausées, vomissements ou diarrhée

 

Quelles sont les causes de la prolifération des cyanobactéries ?


Les cyanobactéries prospèrent dans des eaux chaudes et riches en nutriments. Le phosphore est un nutriment essentiel qui contribue à leur croissance. Les changements climatiques peuvent stimuler la formation de proliférations d’algues en augmentant la température de l’eau et la fréquence des événements de pluie de forte intensité qui lessivent le sol et entraînent une augmentation du phosphore dans les plans d’eau. Avec les changements climatiques, il est ainsi prévu que la fréquence et l'intensité des fleurs d'eau augmentent, soulignant l'importance de réduire notre apport en nutriments dans le lac en adoptant de bonnes pratiques telles que la protection de la végétation riveraine.

 

Quelles sont les normes réglementaires ?

Au Québec, la concentration maximale autorisée de microcystines-LR (MC-LR), une toxine courante sécrétée par les cyanobactéries, dans l'eau potable est de 1,5 microgramme par litre (µg/L). La recommandation pour la baignade et d'autres activités récréatives en contact avec l'eau est que le niveau de MC-LR ne dépasse pas 16 μg/L.

 

Comment le traitement d’eau potable est-il réalisé ?

Les Villes de Magog et de Sherbrooke ont mis en œuvre des protocoles de traitement de l'eau stricts pour garantir une eau potable sûre malgré la présence de cyanobactéries. Les étapes essentielles de leurs traitements comprennent :

  • Tests visuels quotidiens : L’eau est sujet à des test visuels quotidien pour détecter les proliférations de cyanobactéries.
  • Prise de l'eau : L'eau brute est pompée à plus de 12 mètres sous la surface du lac, généralement isolée des proliférations de cyanobactéries.
  • Tamisage : L’eau passe dans des grilles de tamisage qui élimine les particules de plus de 300 microns.
  • Microfiltration : Un traitement par filtration membranaire permet d'éliminer la turbidité et les micro-organismes pathogènes. La microfiltration élimine 99 % des cyanobactéries mais pas leurs toxines.
  • Ozonation : L'ozone, un puissant gaz oxydant, est utilisé pour retirer les molécules présentes dans l'eau qui donnent le goût ou les odeurs à l'eau. Cette substance permet également de détruire plus de 95% des toxines générées par les cyanobactéries.
  • Chloration : Le traitement de l'eau se termine par une chloration pour éliminer complètement les virus et les matières résiduelles à l'entrée du système de distribution.

 

Quelles sont les options pour les prises d'eau individuelles ou privées ?

Pour les individus disposant de sources d'eau privées, plusieurs options de traitement peuvent aider à gérer les cyanobactéries et les cyanotoxines :

  • Osmose inverse : Élimine à la fois les cyanobactéries et les cyanotoxines.
  • Filtration fine : Élimine les cyanobactéries mais pas leurs toxines.
  • Charbon activé : Élimine les cyanotoxines mais pas les cyanobactéries.
  • Distillation : Élimine les cyanotoxines mais pas les cyanobactéries.

 

Cependant, il est essentiel de noter qu'aucune certification ne garantit la performance des systèmes de traitement domestique individuels pour éliminer à la fois les cyanobactéries et les cyanotoxines.

 

Références:  

Cyanobactéries. (2016). Ville de Magog. https://www.ville.magog.qc.ca/wp-content/uploads/1970/01/A-Sensibilisation-cyanobact%C3%A9ries1.pdf

Eau potable. (n.d.). Ville de Sherbrooke. Retrieved 26 May 2024, from https://www.sherbrooke.ca/fr/services-a-la-population/eau-potable-et-eaux-usees/eau-potable

Ellis, D. (2007). Les fleurs d’eau de cyanobacterie—Guide technique des procédés de traitement de l’eau. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. http://numerique.banq.qc.ca/

Ellis, D. (2009). Guide d’intervention pour les stations de production d’eau potable municipales face aux cyanobactéries (2nd ed.). Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs.

 Groupe consultatif de l’étude sur le lac Memphrémagog (GCEM, 2020). Étude sur les apports de nutriments et leurs impacts sur le lac Memphrémagog (p. 254). https://vite.memphremagog.org/files/fr/2020-01-19%20Rapport%20du%20lac%20Memphr%C3%A9magog.pdf

Règlement sur la qualité de l’eau potable. (n.d.). Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Retrieved 26 May 2024, from https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/rc/Q-2,%20r.%2040